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L'homme de ma colline - Joseph Cimpaye

L'homme de ma colline - Joseph Cimpaye

18,00 €Prix
Publié en coédition avec
Les Archives & Musée de la Littérature
sous la direction de Marc Quaghebeur

Roman, 2013

154 pages
ISBN: 978-2-871680-68-0
18,00 EUR

Premier roman, resté inédit, de la littérature francophone du Burundi, L’homme de ma colline (1970) plonge son lecteur dans le « Ruanda-Urundi » colonial des années 30-40. On y découvre une civilisation rurale et une société coloniale en mutation, dont les contradictions s’inscrivent dans le destin tragique du héros, le jeune Benedikto. En butte aux tracasseries d’une hiérarchie locale corrompue, tyrannique et inféodée au colonisateur dont elle tire une prétendue légitimité, Benedikto, avec l’aide de sa famille, se débrouille comme il peut avant d’être obligé de fuir en Ouganda où l’attend un sort tragique. Une singulière lumière d’humanisme transcendant haines, lucre et prétention anime ces pages d’où se dégagent, dans une langue sans apprêt mais juste, quelques figures émouvantes.

 

Lien de l'ebook

« Elle n’était pas seule dans son jugement sur le personnage. Au sein de l’administration d’alors, monstre à deux têtes, où le colonial se juxtaposait au féodal en même temps qu’il le patronnait, le Kirongozi apparaissait à tous comme un épouvantail. Officieusement, il était l’adjoint du Sous-Chef, mais l’administration dirigée par les Blancs ne le reconnaissait pas et, par conséquent, ne le rétribuait pas. Il relevait donc de la seule autorité du Sous-Chef, qui le nommait suivant des critères flous, mais principalement basés sur le zèle du candidat à offrir des petits et grands cadeaux. Le Kirongozi restait donc essentiellement un courtisan du Sous-Chef avec tout ce que cela comporte de latitude. Mais en plus, il exerçait, pour le compte de  son suzerain, le rôle de planton-policier-régisseur, cette triple activité ayant pour  terrain d’application une circonscription bien déterminée : la sous-chefferie.  Il était bien entendu hors de propos pour l’heureux béné́ficiaire de ce sous-fief de troisième ordre de prétendre réclamer de son suzerain une rémunération  quelconque. Tout au contraire, il était vivement recommandé au Kirongozi  de maintenir, sinon d’intensifier, la cadence des offrandes afin de conserver ses fonctions. Ce qui était également sous-entendu, c’est la latitude laissée au  Kirongozi pour trouver quelque part la réparation de l’oubli de rémunération dont il était victime de la part des deux administrations. Il s’en tirait en pressurant  du mieux qu’il pouvait les contribuables de la sous-chefferie, une tactique peu commode étant donné le caractère hétérogène de la masse des administrés. Dès lors, pour parvenir à rentabiliser son métier, le Kirongozi devait adopter une attitude de caméléon, tantôt rampant, doux, ou lâche, tantôt tracassier, selon les cas. Toutes ces facettes composaient, en fin de compte, le portrait d’un monstrueux personnage, unanimement détesté. »

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