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El Curandero - Paul Vanderstappen

El Curandero - Paul Vanderstappen

16,00 €Prix
Roman, 2021

156 pages
16,00 EUR
ISBN : 978-2-8070-0264-7 (livre) – 978-2-8070-0265-4 (PDF) – 978-2-8070-0266-1 (EPUB)
 

« Ce n’est pas la première fois que je n’arrive pas à écrire cette histoire, pourtant elle me touche particulièrement. Je ne sais pas ce qui se passe. C’est pourquoi je suis ici. Je désirerais comprendre. »
Souvent, nous cherchons ailleurs ce qui est enfoui au plus profond de nous-mêmes, nous tentons de nous donner une explication rationnelle de ce qui nous perturbe. Nous menons toutes sortes d’enquêtes qui prennent du temps et de l’argent, mais qui n’aboutissent pas toujours. Nous cherchons des modèles, qui, la plupart du temps, nous perturbent parce qu’ils ne correspondent pas à ce que nous sommes.
El Curandero se développe aux frontières du rêve et du réel, entre deux pays, la Belgique et le Chili. Le personnage participe à un deuil qui va résonner sur son propre silence et réveiller ses fantômes intérieurs. Avec l’aide d’alliés évanescents, dont on ne sait s’ils sont réels ou imaginaires, il va tenter de se réconcilier avec lui-même et de donner sens à sa vie..

 

Lien de l'ebook

De plus en plus, dans ses rêves, des images de son premier voyage lui revenaient comme un film. Il s’y voyait déambuler dans les rues de Vina Del Mar, à une époque où il avait l’habitude d’écrire chaque matin au Samoïedo, un café de l’avenue Valparaiso. C’était toujours à huit heures trente que, muni de son carnet de notes, il franchissait la grille de l’établissement, le seul ouvert à cette heure matinale. Le serveur affecté au rangement de la terrasse était déjà au travail : balayage du sol, rangement des tables, répartition des cendriers. De temps en temps, il extirpait un mouchoir de sa veste rouge, s’épongeait le front comme pour indiquer que la journée serait chaude. La caissière arriverait plus tard, mais on pouvait déjà consommer au comptoir situé à l’arrière, face aux machines à café. Les habitués déposaient leur monnaie sur le zinc. À cette heure-là, l’expresso et le cortado étaient à moitié prix, car il n’y avait pas encore de serveurs. Il fallait tout de même laisser une propina au barman.
À son arrivée, la caissière s’installait devant sa caisse enregistreuse, après avoir salué ses collègues et écouté leurs premiers échos de la journée. C’est alors que Pablo s’approchait d’elle pour passer commande. Toujours la même chose. Le rituel se faisant, c’est souvent elle qui le devançait :
– ¿Un cortado y dos medias lunas señor ?
– Si, gracias.
Muni de ses deux croissants et de son cortado, il s’installait à la même place, la petite table du fond, juste en dessous de l’escalier qui menait au restaurant du premier étage. C’est à ce moment-là que, souvent, un serveur, fraîchement arrivé enfonçait machinalement l’interrupteur de la télévision. À cette heure, les chaînes locales repassaient toujours les mêmes séquences : accidents, meurtres, et derniers événements de la nuit. Petit à petit, les clients arrivaient. Certains étaient connus, on leur apportait leur consommation sans qu’ils aient besoin de dire quoi que ce soit. D’autres téléphonaient, tapotaient sur leur ordinateur.
Un groupe d’amis se retrouvait chaque matin : ils parlaient fort, riaient, se racontaient les dernières histoires du jour avant de partir au boulot.
Pablo enregistrait tous ces détails, mais parfois, pris par ses écritures, il ne voyait pas le monde s’installer. Ce n’est qu’après un certain temps que, relevant la tête, il s’apercevait que les habitués étaient là. Quelques-uns prirent l’habitude de le saluer.

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