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La Mort au Musée d'Art moderne - Alma Lazarevska

La Mort au Musée d'Art moderne - Alma Lazarevska

14,00 €Prix

Nouvelles, 2009.
Titre original : Smrt u muzeju moderne umjetnosti, Bosanska Knjiga, Sarajevo, 1996.
106 pages, 14,00 EUR.
ISBN 978-2-930333-29-4

Traduit du bosnien par Spomenka Džumhur et Gérard Adam

 

Six nouvelles, avec pour toile de fond le siège de Sarajevo, mais – à l'exception de la première – par allusions feutrées, quasi désabusées, avec une tendre auto-dérision, dans une sorte de sfumato. Menus gestes, faits anodins, sentiments faussement désabusés, réflexions frôlant l'absurde, jeux intellectuels quasi nihilistes, mêlés comme par mégarde aux interrogations essentielles sur la vie et l'art. Elles nous révèlent, de façon d'autant plus poignante que la tragédie n'est là qu'en filigrane, la réalité quotidienne dans "la ville assiégée", cette Sarajevo des années de guerre qui n'est jamais citée.
 

Une nouvelle de ce recueil a été publiée dans la revue "Marginales", dirigée par Jacques De Decker.
Alma Lazarevska a été l'hôte de la Foire du Livre de Bruxelles en 2003. À cette occasion, elle a été présentée dans des librairies bruxelloises et parisiennes.
Elle a également été l'hôte de la Quinzaine des Femmes de la Ville de Bruxelles et de la commune d'Ixelles en 2009.

 

Lien de l'Ebook

— Comment souhaiteriez-vous mourir ?
— Comment… quoi ?
— C’est écrit :  How would you like to die ?
— Mourir ? !
En dessous du papier où il note mes réponses, il a glissé l’Atlas de l’Histoire Mondiale de Times. C’est ainsi que nous l’utilisons pour écrire la nuit. Et l’enfant, lui, le feuillette lorsque tombent les obus.
Il attend ma réponse et regarde ma main qui repose sur mes genoux. Elle lui fait penser, m’a-t-il dit hier, à un tout petit bébé, langé, changé, paisible. Sur un guéridon entre nous est posée ma photo. Prise devant les ruines de l’ancien hôpital. Les reporters qui arrivent dans la ville assiégée photographient volontiers les ruines. La main avec laquelle j’écris n’y est pas encore cassée mais je l’avais enfoncée au plus profond de ma poche. J’ai rentré le cou et soulevé les épaules, comme si j’avais froid ou que j’étais mal à l’aise. On dirait que je sors de la photo. À moins qu’on ne dise : j’en débarque ?
— Alors, comment souhaiterais-tu mourir ? Comment souhaiteriez-vous mourir ?
Il me presse avec les questions des autres, comme un garçon de café ou un commerçant qui pousse les clients indécis. Tout juste s’il ne me donne pas du Madame. Les questions m’ont été soumises voici une quinzaine. J’en différais la réponse, jour après jour. Entre-temps, m’est arrivée cette histoire de la main. Voilà pourquoi c’est à présent lui qui doit inscrire mes réponses. Les siennes, il les a rentrées depuis douze jours.
Le même questionnaire a été soumis à vingt-huit autres habitants de la ville assiégée. Avant d’arriver à la question "Comment souhaiteriez-vous mourir ?", ils répondent sur ce qu’est pour eux le bonheur, ce qu’ils craignent, où ils aimeraient vivre...
Ça fait penser à ces journaux intimes auxquels filles et garçons confient à mots couverts le nom de leur amour. Sinon qu’ici on ne demande pas de qui on est amoureux mais comment on souhaiterait... aimerait... mourir.
Les réponses, illustrées de nos photos, seront publiées dans une revue luxueuse avec une couverture glacée. Une partie du tirage sera déposée au musée d’art moderne de New York.
 

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