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Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? - Daniella PINKSTEIN

Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? - Daniella PINKSTEIN

16,00 €Prix

Roman, 2015
176 pages
ISBN 978-2-9-8070-0038-4
(E-books:
PFD : 978-2-9-8070-0039-1
ePub : 978-2-9-8070-0040-7)
16,00 EUR
 

Peu après la chute du Mur, deux jeunes femmes de Budapest, l’une juive et l’autre non, amies d'enfance avec tout ce que cela comporte d'ambiguïtés et de non-dit, émigrent en France à l'insu l'une de l'autre. Deux errances, dans lesquelles l'une d'elles usurpe l'identité de l'autre, et qui convergent dans l'amour doublement illusoire d'un autre errant. 
« Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? », ces femmes sans illusions, ces hommes errants, ces âmes précipitées à contresens. Tantôt confidents, tantôt narrateurs, ils poursuivent le spectre vagabond d’une Europe devenue fantôme d’elle-même, naguère broyée entre le socialisme réel de l’Est et le monde de l’Ouest, si attendu, si espéré, qui se révèle hélas si vide, si désespérant. Pourtant, nous avions tant d'outils intellectuels, tant de penseurs exceptionnels pour avancer, reconstruire l'avenir après la guerre, tant de figures audacieuses auxquelles nous atteler. Ce livre est un hommage à ceux qui ont espéré, ceux auxquels l'Europe d'aujourd'hui tourne de le dos, entre méfiance envers la culture (voire animosité) et attirance indigente du vide. À chaque pas, à chaque tour du cadran, ils résistent à l’effarante étrangeté de notre époque, écartant leur destin, comme celui de tout un continent, de sa fatalité.
Jane Austen pensait que la femme de son époque écrivait dans « l’ourlet » de la littérature. Chaque femme écrivain, d’une certaine manière, a repensé le monde, les yeux levés au ciel, partagée entre héritage et résurrection. Daniella Pinkstein s’inscrit dans leur sillage

 

Lien de l'ebook

Pères maudits ! Que de bruit, de chaos, de chemins de traverse pour vous éviter. Vous étiez ces individus perdus dans la houle, balancés par les courants destructeurs de l’Histoire. Que pouvions-nous sauver ? une civilisation ?
Enfants couards, nous avons préféré à vos présages la camelote au sommet de sa perfection technique. À vitesse irrésistiblement plus véloce, nous avançons ignares dans la nuit, tremblant devant l’inconnu, mais défiant son immanence.
Eux, qui ne se détournaient point, nous contemplent aujourd’hui sidérés devant une si vulgaire déchéance qu’une cacophonie d’insatiables jactances recouvre de son néant – ces aînés déchus pour moins qu’un plat de lentilles.
Vains avertissements dont ils furent les prodigues et prodiges : Kafka, Roth, Zweig, Proust, Benjamin, Svevo, Mann, Rilke, Broch, Patočka, Bibó, Kracauer, Milosz, Mammeri, Lorca, Ionesco, Kateb, Duras, Camus, Joyce, Beckett… et tous ceux encore, nés de la « dissidence » comme on disait de ceux qui pensaient à l’Est du déterminisme historique, qui avaient constitué un esprit dont l’âme ne trouverait pas aujourd’hui la plus étroite ouverture.
Nos pères ! dont la disparition suffit à notre héritage – nous évitant même le soubresaut d’un dernier adieu.
D’où je parle, le désir le plus tenace ne me ramènerait pas à leurs incommensurables consciences. J’ai quitté, sans espoir, leur chemin. J’ai renoncé à marcher, à courir, à prendre le métro, l’avion, le bus, à gravir le cauchemar des autres, de ceux qui nous parlent, nous lacèrent de leurs piètres plaisanteries, de leur stérile faconde dans des cadres de télés ou d’ordinateurs de plus en plus plats. J’ai éteint l’interrupteur.
Abandonnée à la mesure du temps que reconstitue, sans fin, la nostalgie d’avoir un jour aimé – malgré tout –, je creuse d’une plume opiniâtre un ultime salut. À cette Europe qui danse encore parmi les vents glacés.

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