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Le temps des noyaux - Aurélien Dony et Claude Raucy

Le temps des noyaux - Aurélien Dony et Claude Raucy

14,00 €Prix
Roman
Parution 15 février 2016

100 pages
ISBN: 978-2-8070-0078-0
14,00 EUR

La guerre n’a pas été tendre avec les Loizeau. Émile, le fils aîné tué dès les premiers jours dans l’explosion du fort de Loncin ; Désiré, le père, déporté en Allemagne ; la mémé a décidé de ne plus rien faire… En ce printemps 1918, Julien, le fils cadet, d’un naturel rêveur, fait de son mieux pour aider sa mère à la ferme, alors qu’on n’imagine pas que le conflit va bientôt prendre fin.
Dans cette atmosphère tendue, Franz, un jeune déserteur allemand, se réfugie dans la grange des Loizeau.
Une attirance puissante et trouble va naître entre Julien et cet homme traqué…


Deux auteurs de générations très différentes conjuguent leur talent pour nous conter avec pudeur l’histoire d’une rencontre aussi improbable qu’émouvante.

 

Lien de l'ebook

Dans l’obscurité, Julien avait du mal à  voir qui pouvait être cet homme.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
On lui répondit par une sorte de grognement. Alors, Julien s’approcha et ce qu’il vit le laissa sans voix. L’homme était habillé d’un uniforme allemand. Il se tenait raide comme un piquet et ses lèvres esquissaient une sorte de sourire. Julien eut peur. Il osa quand même :
– Vous êtes soldat ? Allemand ?
– Oui. Je suis Allemand. Parti, parti du train.
L’homme parlait français. Mal, avec un accent lourd comme la glaise, mais il parlait. Julien comprit : sûrement un déserteur ! On en avait déjà parlé dans la région. On racontait que les fiers héros du début de la guerre avaient fait place à des hommes découragés, épuisés, qui ne croyaient plus à la victoire.
Des déserteurs, plusieurs disaient en avoir aperçu. On racontait qu’un fermier en avait abattu deux, à l’orée du bois des Loges. Mais était-ce vrai ? On racontait tant de choses !
– Toi déserteur ? demanda Julien.
– Guerre très mauvais. Guerre fini bientôt.
L’homme hochait la tête.
Que faire ? Appeler la mère ? Crier ? Frapper ? Dans les yeux, on lisait une infinie détresse. 
Julien parla très vite.
– Si on te trouve ici, on va t’arrêter. Et m’arrêter aussi, nous fusiller sûrement. Tu dois partir.
L’homme hochait la tête.
Il s’approchait de Julien, qui crut qu’il allait le frapper. Mais non, l’Allemand tendait la main. Cette main tendue, que Julien prit dans la sienne, scellait une sorte de pacte.
Un animal blessé qu’il fallait protéger des chasseurs. Un héron perdu qu’il fallait abriter.

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