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Ce n’est pas rien - Daniel Simon

Ce n’est pas rien - Daniel Simon

15,00 €Prix

Nouvelles, textes brefs, monologue, 2015


128 pages.
978-2-8070-0159-6 (livre) –  978-2-8070-0160-2 (PDF) –  978-2-8070-061-9 (ePub)
15,00 EUR


Ce n’est pas rien poursuit l’écriture de l’auteur dans le bref, les « choses vues », l’ironie du monde, pour ne pas dire le burlesque des situations instables que vivent les hommes aujourd’hui.
Un assemblage de textes brefs, de fictions, d’histoires d’amour, de réflexions sur l’écriture et la lecture, qui se rêve comme un livre de promenade, de chevet ou de rêverie…

Suivi de Modeste proposition pour les enfants perdus : Monologue, Conférence sur la Marche de l’Exode, des Réfugiés et des bons usages que l’on pourrait faire de leurs enfants. D’après Jonathan Swift

 

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Il avait mis au point un système de jouissance que ses ennemis médiocres ne pouvaient éviter, ils creusaient chaque fois un peu plus leur misérable condition… Dès qu’un de leurs livres paraissait et qu’il le trouvait bon, très bon même, il s’empressait d’en faire une lecture critique excellente, minutieuse, généreuse. Les bénéficiaires ne comprenaient pas, ne savaient que dire, ils ne répondaient rien évidemment, même quand leurs amis vantaient la critique du perfide innocent. Ils rageaient en silence et ça le rendait tout bonnement heureux. Ils se demandaient à chaque fois que sa critique était positive s’ils étaient bénéficiaires ou victimes, ils se tourmentaient, ne sachant que dire « merci » et encore, ils étaient sans adversaire véritable, tout se jouait en eux et ils avalaient leur rage en secret.
C’est que le Monde des Lettres en ce temps se gonflait de soi comme certains monstres des abysses, rayonnants de leurs dards empoisonnés et souriants comme des succubes. Plus que jamais, la vérité que traquaient certains auteurs ne résistait pas à l’exécration et la joie de la haine ordinaire. On s’aimait comme on s’étripe, au corps à corps, les yeux dans les yeux, mâchoires soudées.
Mais c’était déjà loin, aujourd’hui, il le sentait, le pressentait, une époque plus cordiale allait apparaître si on en croyait les milliers de déclarations d’amour et d’amitié que se lançaient à tout propos les auteurs qui pullulaient dans les villes et les campagnes comme des pourvoyeurs de drogues sans effets. Ils allaient, venaient, se réunissaient, se lisaient, s’applaudissaient et évitaient soigneusement les ornières des routes mal balisées. C’était une ère de mélancolie active, faire pour ne pas se défaire un peu plus chaque jour.
Chacune et chacun écrivait, ça n’avait que peu d’importance, la soupe serait servie quoi qu’il advînt et des livres-auteurs, des femmes et hommes-livres se dépensaient sur les marchés et les foires à la recherche des badauds qui se délesteraient de quelques sous en échange de leur œuvre sacrée.

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