top of page
Une année douce - Anne Grauwels

Une année douce - Anne Grauwels

15,00 €Prix
Roman
Parution 15 février 2016

148 pages
ISBN: 978-2-8070-0068-1
15,00 EUR

Bruxelles, début 2012. Une femme renoue avec son amant et rencontre un écrivain venu lui proposer de coécrire un livre sur la Belgique, ce paradis qui s’ignore. On annonce la fin du monde pour le 21 décembre. Il faut faire vite. Écrire un livre, vivre une histoire d’amour. Entre l’Amant et l’Écrivain, son cœur balance. Deux psys, une chaise pour peser le pour et le contre.

Chronique d’une année douce-amère où l’émotion se cache derrière l’humour corrosif de l’autodérision.

 

Lien de l'ebook

Quand je l’ai vu passer la porte du café, je lui ai trouvé d’emblée un drôle de regard que je ne lui connaissais pas : intense et fixe, fiévreux, pas ce regard flottant, un peu dans l’expectative, qu’il a quand il enlève ses chaussures en arrivant chez moi. Il est venu s’asseoir à côté de moi sur la banquette. Dès que j’ai commencé à lui raconter l’Amant, je l’ai vu s’éloigner. Il m’a dit des choses dures, mais qui, bizarrement, ne me touchaient pas. En substance que je suis une courtisane (tiens donc !), que l’Amant est faible, voire lâche et que, sans doute, il doit en avoir d’autres, de maîtresses. « Les hommes, c’est comme ça ! » Cette phrase est revenue à plusieurs reprises. Et de me raconter par le menu ce qui est arrivé encore récemment à une copine dans la même situation, qui avait découvert le pot aux roses. Ceci a réveillé un vieux fantasme auquel je ne crois qu’à moitié, l’Amant me trompe, non pas avec sa femme, mais avec une maîtresse. Une autre ! Il me semble qu’il a glissé une phrase que je ne suis pas sûre d’avoir bien entendue : « J’ai de gros besoins ». Et de revenir sur sa dernière rupture, avec une femme belle, « comme toi ». Je n’arrivais pas à en placer une. D’ailleurs, de qui parlait-il depuis le début ? De moi ou de lui-même ?
Ce matin, après une nuit blanche – la sienne, moi j’ai bien dormi –, l’Écrivain m’envoie un mot d’excuse. « Mauvaises soirée et nuit », il s’en veut d’avoir joué les apprentis sorciers en conseil sentimental et regrette de ne pas m’avoir écoutée gentiment. Il me parle de ses « démons » (tiens, lui aussi !) en faisant allusion à Philip Roth, qui les maîtrise, lui, semble-t-il dire, grâce à la bonne distance de la fiction. La littérature comme bouée de sauvetage ? Je le rassure. Je ne me suis pas sentie visée personnellement. J’ai appris, lui dis-je, à faire la part des choses de ce qui est à moi et ce qui est à l’autre. Disons qu’il y avait un peu de tout dans ce flot de paroles qu’il a déversé hier.
Lieve, à qui je raconte notre conversation, me dit qu’il s’attendait sans doute à ce que je lui fasse une déclaration d’amour.

bottom of page