top of page
Sublimisme balkanique Tome 2 poètes de Croatie - Tomislav Dretar

Sublimisme balkanique Tome 2 poètes de Croatie - Tomislav Dretar

16,00 €Prix

Traduction : Tomislav Dretar et Gérard Adam

Tomislav Dretar poursuit sa quête de poètes relevant de ce qu’il a nommé « sublimisme balkanique » et dont il a donné une définition dans un premier tome consacré à des poètes de Croatie.
« Les poètes qui répondent à ma définition du sublimisme balkanique, s’ils ont subi la guerre et son choc post-traumatique, ne sont pas tombés dans un état de haine ou de vengeance. Au contraire, ils sont parvenus à sublimer dans la poésie et par la poésie ce qui a traumatisé leur chair ou leur imaginaire, créant un être esthétique, le Beau, complètement ouvert au monde. »
Ce second tome offre une sélection de dix-neuf poètes de Bosnie-Herzégovine. Fidèle au principe qui avait déjà présidé à ses choix du Tome 1, T. Dretar a inclus dans ce recueil des poètes majeurs de Bosnie-Herzégovine ainsi que d’autres, peut-être moins connus, mais qu’il apprécie tout autant..


Sead Begović, Darko Cvijetić, Mensur Ćatić, Ferida Duraković, Biljana Gajić, Vanja Gredelj, Marjan Hajnal, Hanka Hankuša Hamzagića–Fehimova, Vesna Hlavaček, Tarik Jažić, Milo Jukić, Ibrahim Kajan, Arif Ključanin, Zilhad Ključanin, Atif Kujundžić, Admiral Mahić, Josip Osti, Jasna Šamić, Marina Trumić.

168 pages
ISBN: 978-2-930333-71-1
2014 – 16,00 EUR

 

Lien de l'ebook

Les taches

 

Lorsque nous nous avons enduit de baume le crâne chauve

les broussailles en jachère

ont rentré la tête dans les épaules

marmonnant une prière kitsch

je ne suis qu’une feuille affolée

 

Lorsqu’il passe je grince d’un poumon

l’autre je le garde pour moi le vieillard

lorsque des entrailles ça brille doucement

de la tragédie à la rigolade il est facile hop-hop

de chanter sans métaphore comme un rossignol

 

Pour être clair, cependant,

je ne lutte pas, non

il y a longtemps que j’ai déchiré le ciel

la couturière la brodeuse le porte-drapeau

et tout depuis la base

Le drapeau depuis longtemps porte des taches

 

Milo Jukić

 

*

 

Je me sens coupable

pour ces lignes

qui involontairement me sont tombées des mains,

quand je suis encore

en l’état d’écrire un poème d’amour, et vois

ce qu’ici est advenu

d’un simple désir d’amour !

 

Je me sens coupable

pour ce à quoi je n’étais pas prête

Je me sens coupable

pour ce à quoi j’étais prête

et même pour ces mots :

Il devra un jour advenir

qu’après la question d’un éminent questionneur

après un certain temps et quelques grippes aviaires

viendra un jeune répondeur

qui, tel qu’il est, se mettra debout, lèvera la main

pour prêter serment et dira :

JE SUIS CELA JE SUIS CELUI-LÀ

J’AI CONÇU TOUT CELA ET NE VOUS MÊLEZ PLUS

DE MA RESPONSABILITÉ, ALLEZ TOUS BAISER AILLEURS,

JE SUIS CELUI QUI VOUS RÉPONDS, MOI, PARCE QUE JE SAIS !

VOUS N’ÊTES COUPABLES

DE RIEN

BIEN QUE PAS INNOCENTS,

ET BOUCLEZ-LA TOUS

POUR QU’ENFIN TOUS ENSEMBLE

NOUS PARTIONS AU LOIN !

 

Ferida Duraković

 

*

 

La misère m’a fait riche. Chaque miette

est aujourd’hui pour moi un pain entier. Odorant.

Tendre. Chaud. Une goutte d’eau est un lac, une mer.

Une soie bleue enveloppant le corps nu de ma femme.

Un sourire, c’est un cadeau qui ensoleille la grisaille d’un jour pluvieux.

Comme si l’on m’avait arraché les yeux avec lesquels naguère je regardais.

Enfin, je commence à voir. Tel Homère,

je vois le monde terrestre, vois le monde céleste.

Je vis avec mes morts. Leur gaîté me console.

Et ma blessure n’est qu’un signe

par lequel on reconnaît ceux que la vie a choisis.

Afin qu’ils ne voient pas ce que les autres

croient comprendre.

 

Josip Osti

bottom of page