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Petite Plaisance - Daniel Soil

Petite Plaisance - Daniel Soil

12,00 €Prix
Roman, 2016

80 pages.
ISBN: 978-2-8070-0099-5
12,00 EUR
 

Léa, l’infirmière, la femme sensible qui fait face. John, son mari, immigré suisse et militant communiste converti au national-socialisme après le Pacte germano-soviétique. René, l’avocat qui défend son ami emprisonné pour collaboration. Stef, le fils de Léa et John. Et Anke, la fille de Dorly que John a connue durant ses voyages en Allemagne, Anke recueillie après la mort de sa mère.
Y a-t-il meilleur décor pour panser les plaies, gommer les erreurs, que « Petite Plaisance », avec sa vue sur le lac Léman depuis les Dents du Midi jusqu’à Genève et son paisible jet d’eau ?
Ce n’est pas Jules et Jim, c’est, en quelques jalons étagés sur une trentaine d’années, une amitié profonde mais pudique, un amour des paysages, le glissement de silhouettes au gré l’Histoire qui les modèle.

 

Lien de l'ebook

Le soleil surgit entre Rocher de Naye et Dent de Jaman. Le ciel est net comme verre. Tout est givre, tout est immobile, comme si les arbres évitaient de gâcher l’instant. Sur le lac, quelques ridules paisibles du côté des pêcheries. Des nuages arrivent par le Jura et une neige tardive vient recouvrir le parvis. Sur le chemin, les bottines craquent. Le plaisir est bien là, celui de l’étrangeté, de l’inouï. Pour Steff et Anke, celui de crier très fort et d’en être ébahi. Sur les hauts de Lausanne, cette dernière neige fond vite en ruisselets et les primevères réapparaissent sur le sol nègre, une infinité de points jaunes. Aux versants les plus exposés, se devinent les fleurs à venir sur les cerisiers. Les derniers nuages défilent au bas de Petite Plaisance, l’un d’eux grimpe vers nous, il semble prendre appui sur les sapins, nous voici au milieu d’une ouate opaque, puis il s’éloigne, ne laissant qu’une eau légère sur les branches. Au-dessus du pâturage, un épervier tournoie. Les merles farfouillent au cœur du feuillage. Comme de juste, ce sont les pies-grièches qui s’arrogent les baies d’hiver et cela fait sourire John, auquel il vient une idée : et si, l’hiver prochain, nous allions, tous ensemble, rendre visite à mes parents au Locle ? Nous pourrions jouer une Nativité sur le perron du temple. Toi, René, tu serais le berger, le joueur de fifre ; je serais Joseph, et Léa Marie. Anke et Steff ? John réalise qu’ils sont bien grands déjà pour les associer à cette scène. Là-bas, répète John – qui parfois radote un peu –, on se dit bonjour comme au bon vieux temps, on traverse le village en tenant les enfants par la main, admirant les granges les plus fleuries, les guirlandes d’impatiens vivaces.

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