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Les médecins de l’ULB dans la tourmente 1914-1918 - Raymond Mayer

Les médecins de l’ULB dans la tourmente 1914-1918 - Raymond Mayer

20,00 €Prix


Document historique, 2014 (réédition 2016)
En coédition avec le Musée de la Médecine
de l'Université Libre de Bruxelles


172 pages – Nombreuses illustrations
ISBN: 978-2-8070-0017-9

20,00 EUR
 

Le 4 août 1914, la Belgique, envahie par l’armée allemande, entre en guerre. À la fin de la même année, la plus grande partie du territoire belge est occupé tandis que ce qui reste de l’armée belge poursuit le combat sur le front de l’Yser. Cette situation restera quasi inchangée jusqu’à l’offensive finale de 1918.
En août 1914, les étudiants, le personnel universitaire et les anciens étudiants furent mobilisés. L’université catholique fut détruite lors du sac de Louvain. Les autres universités (Liège, Gand et Bruxelles) décidèrent de fermer leurs portes et refusèrent de rouvrir jusqu’à la fin du conflit.
Les médecins et étudiants en médecine, par leur compétence professionnelle, eurent un rôle particulier à jouer au service des soins, tout autant des militaires blessés par les obus et la mitraille, intoxiqués par les gaz de combat ou rongés par la boue des tranchées et les épidémies, que des populations civiles victimes des bombardements, des exactions de l’occupant, du rationnement et de la malnutrition.
Les noms gravés dans la pierre du mémorial de la « salle de marbre » de l’Université libre de Bruxelles (U.L.B.) témoignent du tribut payé par les étudiants et anciens étudiants de celle-ci pour la défense du pays.
À l’occasion du 100e anniversaire de ce qui fut le grand massacre à l’échelon mondial de l’histoire de l’humanité, sous les auspices du Musée de la Médecine de l’U.L.B., quelques volontaires, emmenés par Raymond Mayer, ont voulu évoquer divers aspects de ce que fut la contribution de la Faculté de Médecine de l’U.L.B. à la médecine de la Grande Guerre.
On y verra, à côté des actes de bravoure, que quelques fortes personnalités ont su préserver l’esprit universitaire en associant à leur pratique clinique l’enseignement et la recherche et en réfléchissant à ce que devrait être l’enseignement de la médecine à l’issue de la guerre.

Jean-Louis Vanherweghem

Si le pays était peu préparé à la guerre, l’organisation des soins à donner aux blessés était totalement déficiente.
Les médecins attachés au service de santé de l’armée avaient pour mission d’intervenir au sein des unités et sur le champ de bataille, ce qui consistait en réalité à donner les premiers soins et à évacuer les blessés le plus rapidement possible vers les hôpitaux. D’après une convention, ces hôpitaux devaient être organisés en personnel et en matériel par la Croix-Rouge. L’armée et la Croix-Rouge n’avaient ni l’organisation ni les moyens de faire face aux problèmes qui pouvaient se poser.
En cas de mobilisation, la Croix-Rouge devait mettre à la disposition de chacune des six divisions d’armée une colonne d’ambulance comprenant sept médecins et vingt voitures, ainsi que deux hôpitaux volants. On était loin du compte en 1914. La Croix-Rouge disposait de cinq voitures ambulances, de deux voitures de pharmacie et d’un camion pour le matériel.

Le 4 août, la Belgique était en guerre. Les 4.500 victimes des combats dans la région de Liège furent soignées dans les hôpitaux civils et militaires locaux.
Un peu plus de 1800 blessés lors de la défense de Namur furent hospitalisés dans douze ambulances. La rapidité de la retraite de notre armée fit que les médecins de bataillon devaient limiter leur action à donner les premiers soins et à confier les blessés et les malades aux autorités locales, à une institution religieuse, parfois à un fermier compatissant en espérant que les malheureux blessés pourraient être évacués vers un hôpital. Des trains sanitaires permirent de transférer blessés et malades vers Bruxelles. Les premiers arrivèrent à la gare d’Etterbeek le 7 août.
Le docteur Paul Héger était chargé de réceptionner les blessés et les malades dans les gares et de les répartir vers les hôpitaux et ambulances selon la gravité des lésions.
Le nombre de candidats à l’hospitalisation, venus des différents lieux de combat,s’accrut rapidement. Des appels furent lancés pour recruter du personnel soignant et pour recevoir du matériel, comme des lits en fer, des objets de literie et de cuisine indispensables pour équiper les ambulances. L’appel fut entendu, il y eut un grand élan de générosité. De nombreuses personnes se présentèrent, mais la plupart des volontaires n’avaient que des connaissances rudimentaires en ce qui concerne les soins à donner aux blessés et aux malades. Neuf cents personnes furent acceptées, auxquelles une instruction rapide fut donnée afin que leur activité puisse être efficace.
Il y eut aussi de très généreux donateurs. La Croix-Rouge put équiper des ambulances dans de nombreux bâtiments : hôpitaux, écoles, couvents, musées, banques, grands magasins, loge maçonnique, maison du peuple, palais de justice, salle des Milices à l’hôtel de ville, hôtels particuliers. On en compta plus de cent dans l’agglomération bruxelloise, représentant 10.000 lits. Mais certaines ne reçurent aucun blessé ou malade.
La coordination de tous ces services médicaux était difficile, il convenait que chaque ambulance soit surveillée par un médecin et dirigée par une infirmière expérimentée. Or, les infirmières étaient peu nombreuses à cette époque. Mais vingt consœurs anglaises arrivèrent en renfort le 9 août.
La Reine Élisabeth chargea le docteur Antoine Depage d’organiser et de coordonner les secours.
Le Conseil des Hospices de la capitale avait convoqué une réunion extraordinaire présidée par le bourgmestre Adolphe Max. La décision fut prise de porter à 700 le nombre de lits dans les hôpitaux Saint-Pierre et Saint-Jean, et d’installer des lits dans des écoles de la ville ainsi que dans la caserne des pompiers de la place du Jeu de Balle. Toutes ces ambulances étaient dirigées par un médecin de U.L.B. attaché aux hôpitaux de la ville, choisis parmi les plus compétents, qui disposait de personnel médical et infirmier, d’aides, de veilleuses et de brancardiers. L’activité médicale était parfois partagée en deux ou trois ambulances dans une même institution.
(…)
Dès le début des hostilités, la Reine Élisabeth avait mis le Palais Royal à la disposition de la Croix-Rouge. Les travaux d’aménagement furent exécutés par le personnel du palais. L’ambulance du Palais Royal portant le numéro 68 occupait tout le bâtiment donnant sur la place des Palais. La salle d’opération était installée dans la serre. Outre une salle de pansement et une salle de radiographie, on dénombrait treize salles de malades comptant 219 lits.
La direction de cette ambulance fut confiée aux docteurs Depage et Lebœuf, aidés par des équipes de chirurgiens, d’internistes et de spécialistes. Des infirmières diplômées donnaient des soins, aidées par des bénévoles parmi lesquelles Marie Depage-Picard.
Les premiers blessés furent admis le 16 août.
Il y eut d’autres localisations d’ambulances, comme à la clinique Sainte-Elisabeth et au collège Saint-Michel. Si le 4 août l’organisation sanitaire militaire et civile fut déficiente, il fut rapidement porté remède grâce à l’action de la Croix-Rouge et grâce au dévouement et à la générosité de beaucoup.

L’administration du Conseil des Hospices a fait un relevé très documenté de tous les militaires hospitalisés dans ces hôpitaux et ambulances et elle a dénombré en août et septembre 3.392 Belges et 11.375 Allemands.
L’hôpital Saint-Pierre accueillit au cours de ces deux mois 163 Belges et 627 Allemands, et sur 167 hospitalisés au Palais de Justice il y avait 164 Allemands.
Les médecins et le personnel civil belges soignèrent sans distinction de nationalité tous les militaires.

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