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Le mot de la fin - Zlatko TOPČIĆ

Le mot de la fin - Zlatko TOPČIĆ

19,00 €Prix
Roman
Parution 15 février 2016

252 pages
ISBN: 978-2-8070-0074-2
19,00 EUR

Titre original : "Završna Riječ", Biblioteka Kontekst
Traduit du bosniaque par Jasna Samic et Gérard Adam
 


L’accusé, poète devenu à son corps défendant sniper dans l’armée de Bosnie-Herzégovine durant le siège de Sarajevo, a-t-il vraiment commis le monstrueux crime dont on l’accuse : l’assassinat de deux fillettes serbes pour venger les deux filles de celle qui fut son premier amour ?
Ou s’agit-il d’un procès monté parce que, issu d’un couple mixte sur le plan de la nationalité, « de tous et de personne », il semble un coupable idéal dans la quête d’une balance entre les criminels de guerre des deux camps ?
Ou encore, a-t-il été victime d’une vengeance machiavélique de la part d’un mari trompé, membre d’une unité très spéciale des services de sécurité ?
Dans la procédure judiciaire, le rôle du jury est tenu par le lecteur qui, sur la base du filet de preuves et de déclarations contradictoires, doit reconstruire les événements d’une guerre déjà lointaine et porter un jugement.
Mais l’accusé, au lieu de se défendre, récapitule sa vie et fait le bilan de ses pauvres amours, « comme si, dans ma vie, il n’y avait rien eu d’autre, ou que rien d’autre ne méritait d’être évoqué ».

Završna Riječ
a obtenu le prix Skender Kulenović et le prix biennal Hasan Kaimija.

 

Lien de l'ebook

Nous nous glissons à l’envers dans le futur. Subrepticement, mais, un beau matin, le visage qui la regardera ne sera plus le mien. Pas une seule image commune ne subsistera. Son nouveau mari lui semblera parfait. Il me reléguera tout à fait dans l’ombre. Si jeune, elle n’a aucune raison de m’attendre. Sa peau est encore lisse et son front sans ride. Le tic-tac de l’horloge est impitoyable, il tourne chacun en ridicule. Notre fils héritera peut-être d’un beau-père désagréable, mais elle est prête à payer ce prix. Entre-temps, en un frémissement, le garçon sera sorti de son cocon et, tel un papillon, aura pris son envol. Je n’ai rien à lui transmettre, tout ce que je pourrais lui dire serait des oripeaux sans utilité. Simplement, qu’il prenne avec prudence tout ce qu’il entendra à mon propos. Il aura peut-être un frère ou une sœur, premier bénéfice de ce deuxième père, fourbe et grossier. Il lui donnera sur la joue des baisers sonores, comme à un proche, comme à moi. Il m’évoquera au moins une fois l’an, et aussi chaque fois qu’il voudra maudire quelqu’un et mentionner un mauvais exemple.
J’ai réussi. J’ai un fils qui n’a plus besoin de moi et une femme qui n’éprouve plus d’amour pour moi. Au fil du temps, je me suis réconcilié avec une vie sans amour. Nul ne s’en est soucié. À part le fait que je suis écrasé comme une punaise, un mort-vivant, tout est grosso modo en ordre. Ici, on cultive le chiendent comme ailleurs les roses ou les giroflées ; avec les mêmes soins dévoués, le même désir de les voir fleurir, d’enfouir pour l’an prochain sa précieuse semence dans un sol fertile, pour ensuite, à toutes forces, l’en arracher.

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