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Le ver est dans le fruit - Anselme Nindorera

Le ver est dans le fruit - Anselme Nindorera

18,00 €Prix

Publié en coédition avec
Les Archives & Musée de la Littérature
sous la direction de Marc Quaghebeur

 

Roman, 2018

244 pages
ISBN : 978-2-87168-083-3 (livre) –  978-2-8070-0151-0 (PDF) – 978-2-8070-0152-7 (ePub)
18,00 EUR

 

Deuxième tome du diptyque romanesque d’Anselme Nindorera, Le ver est dans le fruit se déroule avant et durant le second conflit mondial. Le Burundi est soumis aux réquisitions de bétail opérées par la tutelle coloniale belge, qui ravive des césures antérieures au sein de la collectivité. Le roman relate la vie quotidienne de personnes ordinaires dans les collines pastorales, à l’écart des centres urbains issus de la colonisation. Ceux-ci, présents mais situés à distance du cœur de l’action, forment les espaces majeurs et symboliques de la christianisation, cet effet important de la défaite du Mwami Mwezi Gisabo et du silence supposé d’Imana. Dans le récit, elle est rendue palpable à travers tel ou tel couple, tel ou tel comportement lié au précepte d’amour du prochain qui heurte des réflexes ancestraux et ataviques, entraînant par exemple des problèmes de conscience face aux nécessités de la vengeance traditionnelle.

 

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Et Sinigirira et Singenda prennent des chalumeaux et boivent, pendant que Paul continue à chanter ses psaumes latins. Pourtant, par intermittence, il se tait et sa tête tombe sur une de ses épaules, puis, comme se souvenant d’un devoir oublié, il reprend son chant, mais avec de moins en moins de force. Finalement, il tombe sur la natte, s’y allonge et s’endort profondément, ronflant si fort que personne ne pourrait se tromper sur le sérieux de son sommeil.
Singenda et Sinigirira déposent les chalumeaux et demeurent cois : ils ont peur de perturber la tranquillité qui règne dans la case. Pourtant, chacun attend quelque chose de l’autre, mais aucun ne sait au juste quoi. Ils continuent d’attendre. Sinigirira pousse un soupir et bouge un peu, comme si sa position devenait inconfortable, ou comme pour rappeler sa présence à Singenda.
Celui-ci, poussé aussi par un besoin impérieux de bouger et dégourdir ses jambes repliées sous lui, déplace doucement ses fondements et ce mouvement le rapproche de la femme. Elle tressaille mais ne s’éloigne pas. Elle attend toujours que quelque chose arrive, une chose qu’elle ne voudrait pour rien au monde lui voir échoir, mais qu’elle ne se sent pas le courage de chercher à éviter. Le désir qu’elle éprouve au fond d’elle-même a la force du destin. Tout son corps brûle et aspire au péché. Elle ne peut s’y tromper : tous les signes précurseurs sont en elle. L’oiseau de mauvais augure a ululé ; un malheur aux conséquences néfastes incalculables va s’abattre sur elle et les siens, elle le sait maintenant.
Mais, impuissante à se défendre, elle attend qu’advienne la faute qui n’engendrera à jamais que le regret. Nouvelle Ève, elle faillira comme elle.

 

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